Economies d’énergie pour les citoyens? XL s’en moque

Sous la pression du Collège MR-PS, auquel il semble ne rien pouvoir refuser, le nouveau président du CPAS, Alain Back (FDF), a fait marche arrière: le CPAS d’Ixelles ne participera pas à la mise sur pied d’une « Maison de l’énergie et de l’écoconstruction». Pour la majorité MR-PS, les Ixellois peuvent se passer de conseils gratuits en matière d’économies d’énergie.

Ces maisons de l’énergie sont une initiative de la ministre régionale de l’Environnement, Evelyne Huytebroeck (Ecolo). Un budget important est consacré au soutien de six maisons de l’énergie, une par zone de police. Il était donc prévu qu’Ixelles collabore avec Bruxelles-Ville pour mettre sur pied cette structure locale, dont la mission est d’accompagner les ménages en vue de leur permettre d’améliorer durablement leur logement tout en réduisant leur consommation d’énergie. Cet accompagnement gratuit est d’ordre technique, administratif et financier.

Un accompagnement de ce type peut être efficace, sans mobiliser des ressources énormes. Ainsi, l’asbl ixelloise Habitat et Rénovation a mené pendant un an un projet-pilote de guidance énergétique avec douze ménages. Les résultats en sont encourageants : en travaillant essentiellement sur les comportements et avec un investissement minime (100 € par ménage), les factures d’eau ont été réduites de 40 % en moyenne, celles de gaz de 20 % et celles d’électricité de 10 %.

A Ixelles, le Collège a décidé de ne pas participer à cette initiative de la Région. Par contre le CPAS le voulait. En janvier 2013, le Conseil du CPAS, unanime, a décidé d’être partie prenante au projet et a désigné ses représentants. L’intérêt du CPAS pour ce projet était justifié : il constate dans son travail quotidien que les problèmes d’énergie sont un enjeu social important et ses assistants sociaux traitent un nombre impressionnant de dossiers ouverts pour des Ixellois qui ne peuvent pas payer leurs factures de gaz, d’électricité ou de mazout. Des Ixellois chez qui de petits travaux permettraient de grandes économies. Cette décision avait d’ailleurs été approuvée par le Collège d’Ixelles, qui exerce sa tutelle sur le CPAS.

En mai, coup de théâtre : à peine arrivé à la présidence du CPAS, Alain Back annonce qu’il veut se retirer du projet, annonce confirmée par la majorité au Conseil du CPAS de ce 27 juin. Pourquoi une telle décision, alors que la Maison de l’énergie pourrait rendre de grands services aux Ixellois, tout en ne coûtant rien à la commune ? Au contraire, puisque des dépenses d’énergie prises en charge par le CPAS pourraient ainsi être évitées.

L’argumentation du président du CPAS est particulièrement faible. Il affirme que les missions confiées aux maisons de l’énergie sont déjà assurées par beaucoup d’associations. Faux ! A Ixelles, Habitat et Rénovation est la seule à aller à domicile, donner des conseils concrets, en matière d’énergie, de manière modeste car elle ne dispose pas des moyens humains et financiers substantiels qui seront mis à la disposition des maisons de l’énergie pas la Région. Ce n’est pas un hasard si cette association est partie prenante du projet maison de l’énergie. Elle connait le terrain et les besoins non rencontrés.

Le président estime que s’engager dans une maison de l’énergie est dangereux financièrement parce que les budgets octroyés par la Région ne sont pas garantis au-delà de 2014. Comme le dit le président du CPAS de Bruxelles-Ville, Yvan Mayeur, « si on devait attendre une promesse de budget sur dix ans, on ne lancerait jamais rien ».

Il y a une immense mauvaise foi derrière la décision d’Alain Back et de la majorité MR-PS. En réalité, la majorité à Ixelles s’oppose systématiquement aux initiatives prises par la Région et préfère camper dans un isolement superbe. Que cela ne fasse pas l’affaire des Ixellois, ils n’en ont cure.

Question d’actualité adressée le 28 juin 2013 en séance plénière à Monsieur Rudi Vervoort, Ministre-Président du gouvernement de la Région de Bruxelles-capitale et Président du collège réuni compétent pour la coordination de la politique du Collège réuni, sur la situation financière du Centre de Documentation et de Coordination sociales.

Nous avons appris par un communiqué de presse diffusé ce mardi que le Centre de Documentation et de Coordination sociales (CDCS) serait, sans moyens budgétaires supplémentaires, en cessation de paiement à la fin de l’été.  Les travailleurs  (17,5 équivalents temps plein) ont déjà reçu un préavis.

Faut-il rappeler ici le rôle que cette asbl bi-communautaire joue dans notre région,  en offrant avec ses sites internet un accès gratuit à des informations bilingues sur les secteurs du social et de la santé de notre région, un accès gratuit et trilingue à toute l’information concernant les différents aspects de l’hospitalisation d’un enfant de moins de 16 ans à Bruxelles.

Le Collège connaissait la fragilité financière du CDCS et  c’est ce qui l’avait amené à financer  un audit en 2012.  J’imagine que cet audit a pu servir de base à la construction d’un plan de sauvetage du CDCS.

L’ASBL sollicite aujourd’hui, monsieur le  Ministre-Président votre intervention,  pour éviter ce qui serait la perte d’un outil précieux dont la qualité et l’intérêt font l’unanimité.

Pouvez-vous nous indiquer si le gouvernement bruxellois a pu trouver les moyens budgétaires nécessaires à court terme, pour éviter la catastrophe annoncé pour la fin de l’été ?

Il est clair par ailleurs que des solutions structurelles doivent être trouvées pour que les missions du CDCS puissent  être pérennisées.  Quelles pistes se dégagent en la matière ?

Je vous remercie pour vos réponses.

Réponse de Mme Evelyne Huytebroeck, membre du Collège réuni.- Nous connaissons tous le CDCS et nous apprécions tous le travail qu’il fait depuis de longues années. Les problèmes qu’il rencontre ne sont pas neufs. J’en veux pour preuve qu’un audit avait été organisé l’année dernière et que de nombreuses réunions ont eu lieu, notamment autour d’une réorganisation, voire d’une redéfinition de certaines tâches. Hier, le Collège réuni a décidé de verser le solde des subsides de 2012 et une partie des subsides de 2013.

Cela concerne le court terme, mais il est clair que le Collège réuni demande également à l’association, et en particulier à son conseil d’administration, de présenter le plus rapidement possible un plan réaliste, tenable, confirmé par une institution bancaire et comprenant une réorganisation et un recentrage sur les missions principales du CDCS.

Source : http://www.weblex.irisnet.be/data/arccc/cri/2012-13/00012/images.pdf

Interpellation concernant « la mise en place du ‘Datawarehouse’ Pauvreté »

Interpellation faite en Commission des Affaires sociales ARCCC du 15/05/2013

à Mme Brigitte Grouwels, membre du Collège réuni, compétente pour la Politique d’Aide aux Personnes et la Fonction publique, et à Mme Evelyne Huytebroeck, membre du Collège réuni, compétente pour la Politique d’Aide aux Personnes, les Finances, le Budget et les Relations extérieures.

Le Plan d’action bruxellois de lutte contre la pauvreté 2010 avait prévu la mise en place d’un « datawarehouse Pauvreté », ayant pour objet « la création d’un outil commun aux CPAS afin de mesurer/consolider/analyser correctement, sur base des statistiques, l’état de la pauvreté en Région bruxelloise, en partenariat avec l’Observatoire du social et de la santé de Bruxelles-Capitale. »

L’objectif est de « récupérer et de structurer de façon uniforme les données des dossiers traités par les dix-neuf CPAS pour ensuite les rassembler dans une grande base de données. Ceci pour avoir une vision globale et détaillée du profil, des conditions de vie et de la composition de ménage des usagers du CPAS. »

Toutes celles et ceux qui connaissent les CPAS de l’intérieur mesure la difficulté de l’exercice : les données recueillies sont différentes de même que les modes d’enregistrement et de collectes des données.

Fin 2011, en réponse à des interpellations portant sur le transfert de charges de l’ONEM vers les CPAS bruxellois, vous nous indiquiez que les quelques CPAS déjà actifs dans le projet seraient rejoints par les autres en 2012. Les dix-neuf CPAS ont-ils à présent tous rejoint le projet ?

Vous nous indiquiez également que les champs disponibles n’incluaient pas encore les données concernant les raisons de la demande d’aide et qu’elles seraient incluses dans l’analyse des 53 données du socle commun qui devait démarrer en janvier 2012. Ces données y figurent-elles actuellement ?

Les réformes du régime chômage et leur impact sur nos CPAS et communes montrent en effet une utilité supplémentaire au recueil de ces données puisque l’accord de gouvernement au niveau fédéral prévoit que les surcoûts liés à ces réformes seront pris en charge par le fédéral : les données chiffrées constituent donc ici un précieux appui pour étayer les revendications des CPAS.

Ce projet de « datawarehouse Pauvreté », financé à hauteur de 450.000 euros répartis sur trois ans, est développé par le Centre informatique pour la

Région bruxelloise. Ce centre a reçu en 2013 l’autorisation de la Commission pour la protection de la vie privée d’utiliser le numéro d’identification du registre national en vue d’assurer son rôle d’organisation intermédiaire en charge de l’encodage des données des CPAS pour la réalisation de traitements ultérieurs statistiques.

Pouvez-vous nous indiquer où en est ce projet de « datawarehouse » ? Quelles étapes ont-elles été réalisées ? Quelles sont les difficultés restantes et les initiatives prises pour les surmonter ?

Réponse : http://www.weblex.irisnet.be/data/arccc/biq/2012-13/00015/images.pdf

Question orale concernant « le financement du projet SMES-B (santé mentale exclusion sociale-B)/SASLS (service d’accompagnement social aux locataires sociaux) »

QO faite en commission du Logement du 16/04/2013

à M. Christos Doulkeridis, secrétaire d’État à la Région de Bruxelles-Capitale, chargé du Logement et de la Lutte contre l’Incendie et l’Aide médicale urgente.

Le SMES-B a été créé en 1999. Reconnu comme réseau Santé depuis 2006, il fédère des intervenants du social et de la santé, jette des ponts et tente d’apporter des réponses intersectorielles aux besoins particuliers d’une population fort précarisée et en grande souffrance psychique, une population particulièrement vulnérable, souvent exclue de ses droits, sans-abri ou sans domicile fixe.

Le SASLS a été créé en 2001 à l’initiative du gouvernement de la Région, en concertation avec les acteurs du logement social, pour renforcer le travail social au sein des SISP et faire face, notamment, à des problématiques psychosociales lourdes, pour prévenir et désamorcer des conflits de voisinage, pour accompagner les locataires dans leurs démarches sociales, etc.

Face à la prévalence de précarités sociales et de santé mentale au sein des logements sociaux et face à la complexité de ces problématiques, les assistants sociaux peuvent se sentir dépassés.

C’est ce qui est à l’origine du partenariat entre le SMES-B et le SASLS. Un partenariat qui vise le transfert des connaissances du second au premier sur les modes de fonctionnement du logement social, un appui de la cellule du SMES-B aux intervenants du logement social en difficulté et une formation des travailleurs sociaux des SISP de manière à les outiller pour des interventions ultérieures.

Nous avons eu l’occasion d’évoquer, dans cette commission, cette collaboration qui a été évaluée de manière très positive par tous les partenaires impliqués dans le logement social, bien au-delà du « duo porteur ».

C’est un travail qui permet, entre autres choses, d’intervenir en amont de la crise, d’éviter des expulsions qui conduisent les personnes à la rue, dans les hébergements d’urgence et dans les maisons d’accueil, et qui coûtent cher aux SISP.

Le financement de ce projet a été assumé depuis 2009 par le SMES-B lui-même, sur fonds propres.

Durant quelques mois, en 2011, le SASLS a bénéficié d’un financement régional qui a permis de financer un emploi à quart temps d’assistante sociale. Depuis fin 2012, le projet est à l’arrêt.

La fragilité financière du SMES, qui ne bénéficie pas de financement structurel, non seulement l’empêche de poursuivre le financement sur fonds propres de ce projet de partenariat, mais menace également la survie de sa cellule d’appui, cela à très court terme.

Je ne vous interrogerai pas ici sur la question générale du financement d’un service qui fait exactement ce que les responsables politiques prônent, à savoir sortir des murs et travailler à l’intersection de plusieurs secteurs : social et santé mentale, santé mentale et logement, santé mentale et accès aux droits.

Il s’agit d’un service qui est en quelque sorte sanctionné financièrement parce qu’il travaille hors cadre, hors ordonnance ou décret, parce qu’il ose des pratiques innovantes.

Ma question sera plus modeste et davantage en lien avec vos compétences. Vous avez suivi le travail réalisé dans le cadre de cette convention qui lie le SMES-B et le SASLS. Je ne doute pas que l’avenir de ce projet vous tient à cœur.

Avez-vous pu dégager des pistes de solution pour assurer la poursuite de ce projet de collaboration, tant à court terme que pour garantir le travail dans la durée ? Quel type de financement est-il ou sera-t- il à l’étude ?

Pouvez-vous nous informer de l’état d’avancement de ce dossier ?

Réponse du Ministre (page 48): http://www.weblex.irisnet.be/data/crb/biq/2012-13/00071/images.pdf

Interpellation concernant « le dispositif hivernal 2012-2013 et l’anticipation de la fin de ce dispositif ».

Interpellation faite en Commission Affaires Sociales ARCCC le 20/03/2013

À  Mme Evelyne HUYTEBROECK, Membre du Collège réuni, compétente pour la Politique d’Aide aux personnes, les Finances, le Budget et les Relations Extérieures.

Cette année, le dispositif hivernal a pu être prêt avant même les premiers froids. Il s’éteint progressivement alors que les derniers froids sont encore bien là. Les réalités climatiques font en l’occurrence un pied de nez à un dispositif qui fonctionne à dates fixes, mais l’on sait aussi que la gestion du mercure est complexe.

Sur le terrain, les progrès semblent notables dans la mobilisation de multiples acteurs institutionnels.

Les efforts de la plupart d’entre eux pour s’inscrire dans un travail commun indiquent ce que pourrait être demain, un véritable plan hivernal régional intégré. Même s’il reste du chemin à parcourir pour un plan qui dépasse l’urgence saisonnière et pour que l’indispensable filet d’urgence soit utilisé comme tremplin vers le logement. Nous le savons tous, la précarité est de toutes les saisons.

Mais comme chaque année, après l’hiver viendra le printemps et la fermeture du dispositif hivernal.

L’accueil de crise reprendra sa capacité ordinaire de 120 lits. C’est ce que j’écrivais dans cette interpellation déposée en janvier. La règle des trois mois a parfois des côtés ridicules, puisque je posais une question sur l’anticipation d’une fermeture qui est en train de se dérouler.

Nous savions déjà en janvier, comme nous le savions au début du dispositif, que comme chaque année fin mars, la fermeture provoquerait des protestations et des inquiétudes bien compréhensibles sur le sort des personnes renvoyées à la rue, non seulement en journée, comme ça se passe en hiver, mais aussi la nuit.

La question des soins aux plus fragiles, de la continuité des prises en charge psychosociales et médicales sera reposée. Comme sera reposée la question de la prise en charge de ceux qu’on appelle les grands chroniques, ces personnes atteintes de problèmes mentaux et qui sont depuis longtemps en rue.

Le sens de ma demande d’interpellation était de dire qu’il faut absolument préparer cette fermeture, parce qu’elle va impliquer la disparition de plus de 1.000 lits, étant donné qu’aux 900 lits prévus initialement se sont ajoutés 150 lits avec un budget complémentaire de la Région pour le SAMU social de 250.000 euros.

Nous avons entendu hier que le SAMU social évaluait à 875 le nombre de personnes qui allaient retourner à la rue. La meilleure manière d’anticiper la fermeture du dispositif hivernal, c’est bien sûr de sortir les personnes de leur situation de sans-abrisme et de profiter du dispositif hivernal pour ce faire. C’est une sortie indispensable si l’on veut échapper à ce qui ressemble au tonneau des Danaïdes.

Faut-il rappeler ici l’explosion des moyens budgétaires que notre Cocom met à disposition du SAMU social pour le dispositif hivernal : plus d’un million d’euros. C’est un budget qui a décuplé en 10 ans.

Je tiens à le rappeler, car d’aucuns semblent l’oublier et la lecture de certaines interviews dans les médias pourrait laisser croire que ce dispositif hivernal est uniquement financé par Mme Maggie De Block.

Disposez-vous, Madame la ministre, d’informations précises sur la manière dont ce dispositif, sur lequel se concentrent tant de moyens financiers et humains, joue le rôle de « sas d’orientation » et dont il est mis à profit pour sortir les personnes de la rue, ouvrir des droits à celles et ceux qui n’en ont pas, pour soutenir les personnes dans leur recherche de logement, de travail et pour mettre en place des prises en charge sanitaires ?

À cet égard, le fait que le SAMU social réserve des places pour les personnes les plus vulnérables (femmes et enfants notamment) qui sont par ailleurs – et c’est très bien ainsi – accueillies dès 18h a-t-il pu être mis à profit pour ouvrir des droits et orienter les personnes vers les différents services administratifs et sociaux, dans un contexte de moindre angoisse ?

Autrement dit, quand on se demande toute la journée où l’on pourra passer la nuit suivante, on n’a pas la disponibilité d’esprit pour faire les démarches nécessaires vers les services sociaux.

Savoir qu’on sera facilement accueilli et ce, avant la nuit, constitue un contexte beaucoup plus favorable à cette orientation.

Par ailleurs, le projet pilote « 86.400 » porté par 11 acteurs de l’aide aux sans-abri en journée est un nouvel élément du dispositif hivernal. Il a été soutenu par la Cocom pour limiter l’errance en rue durant la journée, améliorer la jonction entre les acteurs du jour et de la nuit, renforcer le travail d’accompagnement psychosocial de jour et la recherche de solutions permettant la sortie des dispositifs de crise.

Comment les acteurs – discrets – de ce projet évaluent-ils ce qu’ils ont pu faire ? Avez-vous déjà eu un retour ? Si oui, quel est-il ? J’ai appris, via la Plate-forme informative de La Strada (PILS) qu’une conférence de presse était prévue ce vendredi midi. Peut-être en savez-vous davantage aujourd’hui.

Les différents chemins de sortie du sans-abrisme et le rythme de cette sortie sont évidemment liés au profil des personnes concernées.

La secrétaire d’État fédérale à l’intégration sociale et à la lutte contre la pauvreté, Mme Maggie De Block, qui finance une petite part du dispositif, insiste dans son guide de l’accueil hivernal sur la nécessité de l’enregistrement, première étape indispensable, écrit-elle, « si l’on veut proposer une porte de sortie digne de ce nom aux sans-abri ».

Le SAMU social s’est donc engagé à réaliser cet enregistrement pour pouvoir « avoir une image plus correcte du profil des personnes concernées ».

Disposez-vous déjà d’informations sur ce que cet enregistrement met en évidence ? Qui sont-ces personnes sans toit, sans ami, sans famille et qui trouvent refuge en hiver au SAMU social durant la nuit ?

Pourquoi sont-elles sans abri, depuis combien de temps, d’où viennent-elles ? Où passaient-elles les nuits avant l’ouverture du dispositif hivernal ?

Combien d’entre elles ont pu être orientées vers les CPAS qui peuvent veiller à ce que tous leurs droits soient ouverts et l’accès aux soins garantis ?

Qu’est-ce qui a pu être mis en place pour les « grands chroniques » ?

Ces données n’ont évidemment de sens que si elles portent sur l’ensemble des sites, quelles que soient leurs sources de financement.

Mes questions de janvier portaient sur les évaluations mensuelles réalisées par le comité de direction du dispositif hivernal et sur la manière dont la sortie de ce dispositif se préparait. Bien que l’intérêt soit plus mince, il me reste aujourd’hui à vous demander comment la fin du dispositif hivernal s’est préparée.

Le site de la Plate-forme informative de la Strada indique que, lundi soir, 140 personnes se sont présentées à l’entrée de l’asile de nuit « Pierre d’Angle ».

Quelles sont les actions précises qui ont été menées pour que la fin du dispositif hivernal ne se traduise, en ce début de printemps, par le retour à la rue ? Et surtout, quelles sont les mesures envisagées pour éviter que, l’hiver prochain, les mêmes personnes ou d’autres personnes victimes des mêmes mécanismes d’exclusion – chômage et CPAS, demandes d’asile refusées ou sans objet, patients psychiatriques quittant les hôpitaux sans solution de logement, expulsion locative, etc. – ne soient contraintes de recourir aux dispositifs d’urgence ?

Aujourd’hui, mes questions portent plutôt sur les données précises recueillies sur le profil des personnes hébergées, quelle que soit l’instance qui a financé cet hébergement et sur la manière dont le prochain dispositif va s’organiser, sur la base des évaluations qui seront réalisées dans les semaines à venir.

Comment la concertation va-t-elle s’organiser entre les différents niveaux de pouvoir concernés, pour un plan coordonné entre le niveau régional et fédéral en 2013-2014 ?

Qu’en est-il du projet « HOPE in stations » (Homeless People in European train stations) ? La référente SNCB, qui jouait un rôle extrêmement important dans ce projet et faisait le lien entre la STIB, la SNCB et le secteur des sans-abri, a en effet renoncé à poursuivre son travail dans les conditions qui lui étaient imposées.

Je pense que vous savez à quel point cette personne et sa fonction jouaient un rôle important.

Il n’est pas étonnant que le secteur sans-abri craigne que la fonction disparaisse ou que ses conditions d’exercice la privent d’efficacité et de sens.

Dès lors, avez-vous eu un contact avec le ministre fédéral en charge des Entreprises publiques ?

Celui-ci doit être bien embarrassé également. C’est grâce à lui qu’en période de grand froid, on a pu conserver les trois grandes gares de la Région ouvertes.

Il s’agit peut-être d’un élément mineur, mais, en tant que ministre en charge de l’Environnement, vous savez que, en journée aussi, cette référente jouait un grand rôle en concertation avec les agents de l’IBGE. Ces derniers ont notamment en charge le petit square situé en face de la Gare centrale.

 Suite de la discussion et réponse de la Ministre jusqu’à la page 34

http://www.weblex.irisnet.be/data/arccc/biq/2012-13/00010/images.pdf

Question orale concernant « le projet de modification du statut du Service interfédéral de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale »

QO faite en Commission Affaires Sociales ARCCC le 20/03/2013

À  Mme Evelyne HUYTEBROECK, Membre du Collège réuni, compétente pour la Politique d’Aide aux personnes, les Finances, le Budget et les Relations Extérieures.

Depuis 1999, le gouvernement fédéral et les entités fédérées collaborent en matière de lutte contre la pauvreté au sein du Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale. Logé au sein du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme (CECLR), ce service a été créé à travers un accord de coopération auquel la Commission communautaire commune est partie prenante.
L’accord de majorité conclu au niveau fédéral menace pourtant le service dans son existence actuelle, en ce qu’il prévoit son transfert vers le Service public fédéral de programmation intégration sociale (SPP IS). Cette disposition, qui n’a pas encore été mise en oeuvre, trouve paradoxalement son actualité dans le cadre du débat sur linter-fédéralisation du CECLR. Elle met en effet à mal plusieurs caractéristiques essentielles du service, plus précisément son caractère inter-fédéral et son indépendance.
De même, ce transfert pourrait avoir un impact sur la pérennité du service, puisqu’un SPP n’est pas une administration permanente, mais que son existence doit être confirmée au début de chaque législature, ainsi que sur la méthode de dialogue avec l’ensemble des acteurs de la pauvreté. Avez-vous été informée de cette disposition de l’accord de majorité fédéral ? Avez-vous été associée à une concertation sur ce sujet ?
Sachant que la mise en oeuvre de cette mesure nécessitera l’abrogation de l’article 6 de l’accord de coopération, qui prévoit que le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale soit intégré au CECLR, avez-vous pris une décision dans ce sens ? Le cas échéant, pouvez-vous nous indiquer la nature de celle-ci ?

Réponse de la Ministre p 35 et suivantes :

Cliquer pour accéder à images.pdf

Carte blanche: Quand le droit à l’intégration sociale met à mal la vie des amoureux et la solidarité.

Carte blanche parue dans le Soir du 14/02/2013.

En ce jour de St Valentin, les restos prévoient des menus spéciaux, les fleuristes des bouquets de circonstances et les journaux déclinent l’amour sur tous les tons.

Avec ou sans bougies, en pestant contre la publicité ou pas, les amoureux y trouveront prétexte pour une soirée de fête. Mais tous les amoureux ne seront pas à la fête, certains ne peuvent en effet pas s’offrir le luxe de vivre ensemble. Parce que vivre ensemble peut se traduire par la perte complète d’autonomie pour celui/celle qui n’a pas de salaire et est aidé par un CPAS, ou par la réduction des ressources de l’un et l’autre, s’ils sont tous deux aidés par le CPAS ou le chômage.

Valentine vit seule, elle a perdu son travail à temps partiel, elle ne compte pas suffisamment d’ancienneté pour bénéficier d’allocations de chômage. Heureusement, le CPAS va intervenir avec une aide financière (801 €), il va aussi la soutenir dans une recherche d’emploi,  l’orienter le cas échéant vers une formation, etc.

Valentine rencontre Valentin.

Valentin travaille, il gagne 1300 € par mois. Ils rêvent de s’installer ensemble, calculent aussi qu’économiser un loyer leur permettrait de vivre moins dans l’angoisse du lendemain.

Valentine emménage chez son Valentin. Tout va bien sauf que lorsque Valentine informe son CPAS de sa nouvelle situation, elle découvre avec stupeur que vivant en couple avec Valentin, elle perd tout droit à l’intégration sociale parce que les revenus de son amoureux sont supérieurs au taux chef de famille (1068 €). Plus un euro pour elle qui dépend dorénavant entièrement de Valentin. Plus d’accompagnement à l’emploi non plus. L’amour peut-il résister longtemps à la dépendance ? Personne ne sera étonné que les femmes soient les premières piégées par ce genre de situation.

Si Valentine ne tombe pas amoureuse, mais a des amis qui lui proposent une colocation parce qu’avec la seule aide du CPAS, elle ne parvient plus à payer son loyer, elle verra son  revenu d’intégration passer du taux isolé au taux cohabitant (534 €) et découvrira que l’économie qu’elle imaginait faire grâce à la solidarité de ses amis est neutralisée.

Si c’est une mère ou un père qui lui propose de l’héberger, les ressources de ces derniers pourront être prises en compte pour le calcul de son taux cohabitant.

Le Service de lutte contre la pauvreté n’a de cesse dans chacun de ses rapports de rappeler « que cette non-individualisation du droit engendre des effets pervers, et tend à rompre les solidarités familiales ou amicales. Ce qui peut pousser l’individu à développer des stratégies qui relèvent plus de la survie que du délit : travail au noir, domiciliation dans un immeuble ‘à boîtes aux lettres’. […]»

La non-individualisation des droits a un coût social et collectif énorme, poussant des familles à se déstructurer, empêchant des couples ou les familles d’organiser des solidarités, pénalisant la colocation, l’habitat solidaire, jetant la suspicion sur les allocataires sociaux ou contribuant à la rareté des logements disponibles.

Dans ce contexte, avec le soutien de nombreuses associations impliquées dans la lutte contre la pauvreté et de mouvements de femmes, Ecolo et Groen, via les députés Zoé Genot et Wouter De Vriendt, ont formulé une proposition de loi en 2007 qui vise à porter au-dessus du seuil de pauvreté le niveau minimal des allocations de remplacement et à aligner progressivement le montant du revenu des allocations des cohabitants sur celui des isolés.

Une proposition qui n’a trouvé jusqu’ici aucune majorité suffisamment courageuse pour aller au-delà des slogans électoraux. En attendant Valentin et Valentine fêteront ce 14 février chacun chez eux…

Signataires: Magali Plovie, députée bruxelloise. Dominique Decoux, présidente du CPAS de Schaerbeek.  Zoé Genot, députée fédérale. Anne Herscovici, députée bruxelloise, conseillère CPAS. Stéphane Roberti, président du CPAS de Forest.

Interpellation sur la précarité du financement du SMES-B et la mise en péril de sa cellule d’appui médico-psychologique d’intersection entre la santé mentale et l’exclusion sociale.

à  Madame Brigitte Grouwels, membre du Collège réuni, compétente pour la Politique d’Aide aux Personnes et la Fonction publique, et à Madame Evelyne Huytebroeck, membre du Collège réuni, compétente pour la Politique d’Aide aux Personnes, les Finances, le Budget et les Relations extérieures,

Le SMES-B créé en 1999, reconnu comme réseau Santé depuis 2006 fédère des intervenants du social et de la santé, construit des ponts et des réponses intersectorielles, pour tenter de répondre aux besoins particuliers d’une population fort précarisée et en grande souffrance psychique, une population particulièrement vulnérable, souvent exclue de ses droits, sans abri ou sans domicile fixe.

Sa cellule d’appui médico-socio-psychologique, opérationnelle depuis 2002 est bien connue du secteur psycho-social à Bruxelles. Les professionnels de ce secteur font en effet régulièrement appel à son équipe pluridisciplinaire quand ils sont confrontés à des impasses dans l’accompagnement de personnes qui, très souvent, ne demandent pas ou refusent l’aide et les soins. Le comité d’avis pour l’égalité des chances entre hommes et femmes a eu l’occasion d’entendre il y a quelques mois (23/04/2012) une présentation de ce travail mené aussi bien en soutien aux travailleurs sociaux des logements sociaux que des maisons d’accueil, des travailleurs de rue, du Samu social ou de Médecins du monde. Il ne s’agit pas seulement pour la cellule d’appui de se déplacer pour aller à la rencontre des patients, avec les professionnels impliqués, mais aussi de former à des pratiques à l’intersection du social et de la santé mentale, toutes les structures qui travaillent avec ces publics pour permettre une meilleurs prise en charge de personnes dont les troubles sont mal connus et qui suscitent souvent la peur et donc l’exclusion.

Outre sa mission de base, la cellule participe à quatre projets spécifiques : chacun  de ses projets montre sa réelle implication dans des pratiques novatrices et intersectorielles.  Ainsi, le projet Outreach vise à la rencontre de la personne précarisée socialement et mentalement, dans le restaurant social de l’asbl Source, le projet SMES-SASLS vise à l’intervention en amont et en prévention, au sein des logements sociaux ; le projet RAPS a permis la conduite d’une recherche-action sur l’accompagnement psycho-social en réseau, entre professionnels du social et de la santé issus de diverses institutions. Avec le projet Housing First Brussels, intégré dans le projet Housing First Belgium qui vise l’accès direct au logement pour les personnes vivant à la rue, la cellule  met en place une alternative au modèle classique d’intervention auprès des personnes sans abri.

Il n’est donc pas étonnant que la Concertation bruxelloise d’aide aux sans-abri ait apporté un appui unanime au SMES-B.

Le travail de la cellule d’appui est aussi régulièrement salué par les responsables politiques et donné en exemple de bonnes pratiques, de pratiques innovantes. C’est ainsi par exemple que le SMES-B a été lauréat du Prix Fédéral de Lutte contre la Pauvreté en 2010.

A l’échelle de la Région bruxelloise, la cellule d’appui est  soutenue financièrement à la fois par la Cocof et la Cocom, la santé et l’aide aux personnes. Ces sources multiples de financement rendent compte du travail réalisé par le SMES à l’intersection de plusieurs secteurs. Mais ce qui fait la pertinence et la force de cette position à l’intersection du social et de la santé mentale, mais aussi du logement, de l’accès aux droits, …, (en termes de qualité et d’utilité du travail)  fait sa faiblesse en termes de stabilité et de continuité. La cellule vit, comme ses travailleurs, une situation précaire,  rien ne leur est garanti au-delà des échéances annuelles. Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes pour des projets qui visent à assurer  la continuité des soins et  l’accompagnement. En cette période hivernale où classiquement tout le monde s’émeut face aux personnes sans abri et où des budgets très importants sont dégagés pour faire face à l’urgence, il serait particulièrement choquant qu’un service qui travaille dans la durée, notamment avec des personnes sans abri pour lesquelles la prévalence des psychoses est estimée à 30%,  disparaisse.

Tombant hors des décrets et des ordonnances qui déterminent les missions et organisent l’action des dispositifs soit de santé soit d’aide sociale, la cellule est financée en initiatives, avec ce que cela comporte d’imprévisible. Depuis plusieurs années déjà, le SMES-B attire notre attention sur la fragilité de son financement. En ce début 2013, il tire – avec ses partenaires du réseau – ; la sonnette d’alarme : sans appui financier, la survie de la cellule d’appui est en jeu. Et cela, à très court terme. Je ne doute pas que vous avez également été alertées par cette situation. Pouvez-vous nous indiquer si vous avez pu organiser des concertations avec vos collègues du Collège réuni en charge de la Santé ainsi qu’avec vos collègues de la Cocof et de la Région qui sont aussi concernés et  si vous avez pu dégager des pistes de solutions à court terme, mais aussi de manière plus structurelle, pour le long terme ?

Intervention dans discussion générale conjointe relative aux projets d’ajustement du budget 2012 et de budget initial 2013 de la Commission communautaire française

Ci-après mon intervention du 21 décembre 2012:

Pouvez-vous vous imaginer ce que c’est de vivre avec 1.000 euros par mois, à trois personnes, pas pendant un mois ou deux, mais mois après mois, sans savoir quand ni comment on va s’en sortir ? C’est l’interpellation qu’adressait aux parlementaires présents jeudi dernier, à l’occasion d’une journée organisée par le Parlement francophone bruxellois, une jeune cheffe de famille.

Elle nous interpellait, la voix tremblante d’émotion et de colère. Elle touche 1.090 euros de chômage par mois, paye 700 euros de loyer et de charges pour un logement de 42m² insalubre. Son histoire est banale : un emploi perdu au retour de congé de maternité, un compagnon qui déprime à force de recherches d’emploi vaines et perd ses droits. Une jeune femme qui a retrouvé la force de se battre grâce au soutien d’une association – un bazar, peut- être, Mme Mouzon, mais un bazar précieux – et grâce à la solidarité d’autres femmes.

Son fils a développé des allergies respiratoires et elle va bientôt accoucher. Elle ne savait pas qu’elle pouvait peut-être obtenir une carte médicale auprès du CPAS, ce qui nous ramène à la question de l’accès aux droits et au problème du non-accès. Sa recherche d’un emploi se heurte systématiquement à la discrimination à l’embauche dont sont classiquement victimes les jeunes mères. Elle cherche en vain un logement salubre et moins cher qui ne l’éloigne pas trop de l’école de son fils. Elle s’est évidemment endettée. Qui pourrait faire autrement ? Que pourra faire le service de médiation de dettes qui la recevra, quand son tour viendra sur la liste d’attente, si ce n’est de lui dire de trouver un logement moins cher ?

C’est un cas parmi d’autres, à l’image de ces milliers de Bruxelloises et de Bruxellois qui essayent de survivre au jour le jour, vaille que vaille. Le baromètre social que nous recevons chaque année ne raconte rien d’autre que leur histoire, avec une obstination entêtante, pour ne pas dire désespérante.

Plus d’un quart des Bruxellois doit vivre avec un revenu inférieur au seuil de risque de pauvreté. Un quart des bébés bruxellois naît dans un ménage sans revenu du travail. Pour qui s’intéresse un peu aux politiques sociales dans notre capitale, les chiffres sont connus et les constats posés depuis longtemps. Pourtant, notre Région est celle qui produit le plus de richesses, une richesse qui ne profite pas à tout le monde. Il ne faudrait pas l’oublier.

Crise, paupérisation et boom démographique multiplient les problèmes, au point que les services sociaux et de santé que notre Commission des finances ne parviennent plus à répondre aux difficultés rencontrées par leurs publics. L’écart se creuse entre ce qu’ils voudraient – ou devraient – faire et ce que leurs moyens humains et financiers leur permettent de réaliser.

Le nombre croissant de syndromes d’épuisement professionnel et la rotation de l’emploi parmi les travailleurs sociaux témoignent de la souffrance de ces travailleurs qui sont confrontés au malheur, directement et au quotidien, et qui sont souvent réduits à le gérer. De plus en plus souvent, aussi, ils sont poussés à contrôler plutôt qu’à apporter de l’aide.

Tous sont donc, légitimement, en attente d’une amélioration de leurs moyens d’action et de mesures qui préviennent la paupérisation. C’est ce qu’ils nous répètent en commission lors des nombreuses auditions que nous organisons. Ils rêvent notamment d’une hausse des allocations sociales, d’un salaire minimum supérieur au seuil de pauvreté et d’une individualisation des droits.

Mais rien de tout cela ne nous est annoncé, au contraire. Après la politique de sanction des chômeurs et la prolongation du stage d’attente, le pouvoir fédéral évalue à plus de 18 millions d’euros le montant des risques qui devront être payés par les CPAS, uniquement à ce titre. Après l’accélération de la dégressivité des allocations de chômage, les dernières mesures fédérales vont accentuer la paupérisation, en particulier chez les femmes.

Comme Mme Teitelbaum, j’en ai assez de répéter les mêmes choses au fil des années mais je suis aussi énervée par les discours inconséquents. On ne peut pas dire noir au parlement fédéral et prôner blanc au parlement régional ou à la Commission communautaire commune.

Qui devra limiter la casse sociale ? M. Colson et Mme Mouzon y ont fait allusion : les CPAS sont en première ligne et vont devoir, une fois de plus, éponger les effets de politiques décidées ailleurs.

Ensuite, les services soutenus par la Commission communautaire commune devront colmater les brèches.

S’agissant des CPAS, le projet de budget soumis au vote de la Chambre rabote une série de dotations budgétaires dont ils bénéficient directement ou indirectement : soutien aux associations de CPAS, fracture numérique et subsides à la participation sociale et culturelle, ainsi qu’aux organismes d’économie sociale sont notamment dans le collimateur.

Dans le même temps, le budget fédéral consacre un crédit supplémentaire de 800.000 euros à la lutte contre la fraude sociale. Le service d’inspection du Service public de programmation intégration sociale, qui éprouve bien des difficultés à remplir ses missions d’aide aux CPAS, verra son effectif croître de cinq personnes, lesquelles seront affectées à ladite lutte contre la fraude sociale.

Je voudrais dire que le groupe Ecolo est très inquiet des dérives que cette obsession risque d’amener dans nos CPAS.

Mme Mouzon y a fait largement allusion, la question a également été abordée à l’occasion du carrefour d’automne de la section CPAS de l’Union des villes et des communes où de nombreux travailleurs sociaux ont pointé une tendance inquiétante à la demande qu’il leur est faite de mettre plus d’énergie dans le contrôle que dans l’accompagnement. Cela pose un grave problème de déontologie et je demande avec insistance au Collège réuni de soutenir les CPAS dans leur résistance à ce qui se trame au niveau fédéral en la matière.

Les recommandations en matière de pauvreté adoptées par notre assemblée resteront, pour la majorité d’entre elles, des voeux pieux, si ce que la Cocom et la Région tentent péniblement de mettre en place et de financer se voit balayé par les mesures fédérales.

Dans ce contexte, le budget que le Collège réuni nous présente ne peut que nous préoccuper : zéro euro de marge, zéro euro pour renforcer des moyens et des services existants, zéro euro pour de nouvelles initiatives. C’est peu…

Vous comprendrez que cela ne soulève pas notre enthousiasme, mais que cela nous inquiète, même si nous connaissons les mécanismes de financement de la Cocom à l’origine de cette situation : nos recettes sont dépendantes de dotations en provenance de la Région et de l’État fédéral, elles n’augmentent pour ainsi dire pas et les dépenses sont figées dans des cadres réglementaires organiques de la politique de la

santé et de l’aide aux personnes et dans des calendriers de construction approuvés. Avec son déficit récurrent de 1.300.000 euros, on peut même s’interroger sur le fait qu’elle parvienne à l’équilibre budgétaire en 2015.

Nous sommes tous d’accord sur le diagnostic : la Cocom n’est pas financée à hauteur des besoins à rencontrer. C’est d’ailleurs la conclusion de votre présentation en commission, M. Vanhengel : « Le financement de la Commission communautaire s’avère être insuffisant pour le moment ».

Vous ne serez pas étonné que nous vous interrogions sur les initiatives prises par les membres du Collège réuni qui ont, par ailleurs, une casquette régionale pour améliorer ce financement et diminuer l’écart constaté entre nos moyens et nos besoins.

Nous devons constater que le refinancement de la Région n’a pas profité jusqu’à présent au secteur bicommunautaire.

Notre trésorerie a de solides réserves qui nous permettent d’éponger notre déficit et de garantir les investissements. Ne pouvait-elle pas être mobilisée cette année pour aider la Cocom à assumer la phase de transition que nous vivons ? Et ce, d’autant plus que cette trésorerie serait plus solide encore si la Cocom pouvait récupérer auprès de la Région les cinq millions de prêt de trésorerie octroyés sous la précédente législature, comme l’a rappelé notre collègue Anne-Sylvie Mouzon.

En principe, la trésorerie n’est pas utilisée pour les dépenses récurrentes, mais pour soutenir des investissements, mais beaucoup sont encore indispensables.

Au regard de la situation, le Collège réuni aurait peut-être pu mobiliser ne fût-ce qu’une petite partie de ce montant oublié pour investir dans la préparation de l’accueil des nouvelles compétences, afin de se donner un ballon d’oxygène à la veille des transferts de compétences.

Le terme est lâché : « transfert de compétences ».

On a fait de la Cocom la véritable clé de voûte des politiques sociales et de santé. Dans l’état actuel de notre administration, c’est relativement effrayant.

On a sous-investi pendant des années dans cette administration qui était en difficulté, avant même qu’il soit question de transfert.

Il n’apparaît pas dans le budget que la préparation de ce transfert soit une priorité. Le manager de crise, en quelque sorte le super héros chargé de réorganiser notre administration et rebaptisé entre temps « manager de transition », devait arriver en janvier 2012. On apprend qu’il sera finalement engagé au plus tôt au début de 2013, avec plus d’un an de retard. Je ne parle même pas ici du plan de gestion de l’administration, dont on attend toujours les effets. La bonne volonté de l’administration ne suffira pas.

Les transferts qui s’annoncent sont lourds financièrement : 10 milliards d’euros pour les allocations familiales et les soins de santé. Ils sont aussi lourds administrativement. Le groupe Ecolo a souvent souligné combien le manque de préparation – et deux ou trois années ne seraient pas de trop – pourraient transformer l’opportunité en cauchemar et causer des perturbations majeures dans la continuité des services à la population.

Plusieurs experts s’en sont inquiétés, avec raison, récemment. D’autres avant moi ont cité l’interview de François Perl, directeur général du service des indemnités de l’Inami, qui rappelle que la Cocof « n’a pas la capacité d’investissement, a une autonomie réduite et n’a pas de pouvoir fiscal ».

Cela constitue beaucoup de handicaps pour affronter un transfert de compétences qui comporte, par ailleurs, encore de multiples inconnues. On ignore par exemple comment organiser la répartition des budgets ? Comment va s’organiser concrètement la gestion des allocations familiales ? Qu’est-il prévu de négocier avec l’Office national d’allocations familiales pour travailleurs salariés (Onafts) ? Comment va

s’organiser la concertation avec les autres entités ?

Nous avons peu de réponses concrètes à nos interpellations.

Avant les vacances parlementaires, le gouvernement et le Collège réuni avaient annoncé qu’ils viendraient en commission présenter l’état d’avancement de leurs travaux. Les réunions ont été annulées. Vous admettrez qu’il est difficile, en tant que parlementaire, de mener un débat budgétaire sans recevoir d’informations sur le transfert. Il est légitime de s’inquiéter de ce retard, outre le fait – loin d’être anodin – que l’on attende aussi le Comité de mise en oeuvre des réformes institutionnelles (Comori) ou la Commission Wallonie-Bruxelles.

Je plaiderai donc, avec mon groupe, pour que ce débat soit organisé le plus rapidement possible au sein de notre assemblée. Nous sommes à la veille de transferts cruciaux qui comportent autant de risques que d’opportunités. Il ne faut pas rater le tournant. Nous avons l’occasion d’oeuvrer pour plus de cohérence, de lisibilité et d’égalité, et de faire enfin ce que l’on proclame volontiers comme indispensable : mettre les institutions au service des citoyens.

Nous plaidons pour une programmation unique intégrée pour Bruxelles. Pour cela, il nous faut une vision prospective de ce que sera la Commission communautaire demain et de ce qui va guider la réforme. De plus, il nous faudra dépasser les crispations communautaires. Le Collège réuni est-il en mesure de nous transmettre un calendrier des travaux prévus pour 2013 ?

Je ne me livrerai pas, cette année, à l’exercice traditionnel du passage en revue des allocations de base, dans la mesure où celles-ci ne connaissent pratiquement aucun mouvement. Je soulignerai cependant l’ouverture du centre d’hébergement et

du centre de jour de l’asbl Constellations. Cela représente, pour chaque centre, vingt nouvelles places, dont dix pour les personnes handicapées de grande dépendance.

Nous savons cependant qu’il reste un long chemin à parcourir, d’une longueur insupportable pour ceux et celles qui sont en attente de ces places.

Ceci étant, les réponses à cette attente doivent être multiples et variées et ne peuvent être élaborées qu’entre les différents niveaux de pouvoir de la Région au gouvernement fédéral, en passant par les communes.

Je me dois de souligner l’effort indiscutable, au vu du budget de la Commission communautaire, fait en matière de dispositif hivernal. Nous avons, à ce sujet, entendu différentes remarques sur le fait qu’un jeu de techniques budgétaires permettait que les montants prévus pour ce dispositif ne soient

pas encore tous inscrits au budget. Je pense que c’est à la demande du ministre-président de la Région.

Je voudrais cependant faire deux remarques quant aux efforts fournis. Sur le terrain, on perçoit ce qui pourrait être un dispositif hivernal intégré. La Plate-forme informative de La Strada (PILS) donne pour la première fois une vue globale de ce que chacun des acteurs joue – ou peut jouer – comme rôle dans le cadre de ce dispositif. Cette plate-forme est alimentée par la plupart des communes et par de nombreux CPAS. Les maisons d’accueil donnent deux fois par jour l’état des places disponibles. La SNCB et la STIB donnent des explications sur ce qui est fait à leur échelle. On y retrouve même des informations concernant la météo.

Ce qui est actuellement mis en place illustre le propos de ceux qui, à juste titre, disent qu’avec les moyens réduits dont nous disposons, il est peut-être possible de travailler de façon plus efficace.

Par ailleurs, je voulais insister sur le fait que si l’on ne veut pas augmenter à l’infini le nombre de lits, en hiver comme en été, il est impératif de faire basculer la problématique des sans-abri, de la culture du don, de la charité et de l’humanitaire, à la logique des droits : le droit à un statut sur le territoire – question centrale en Région bruxelloise -, le droit à l’emploi et au logement.

Sans statut sur le territoire, je rappelle qu’aucune aide sociale n’est possible, si ce n’est l’aide médicale urgente, et cela ne concerne pas les Européens durant les trois premiers mois.

Quelle autre possibilité que d’être à la rue si l’on n’a pas droit à l’ombre d’une aide sociale, pas droit non plus à travailler si ce n’est au noir, avec toutes les conséquences que cela entraîne ?

Enfin, je m’attarderai sur deux problématiques essentielles au regard des transferts de compétences et de l’explosion démographique : les personnes âgées et la santé.

Concernant les personnes âgées, une attention particulière a été accordée, au cours des dernières années, à des projets d’ouverture de maisons de repos vers le quartier, de participation, d’accompagnement social des personnes âgées désorientées et de leur famille et aux personnes âgées d’origine étrangère.

Autant de projets positifs qui ne doivent toutefois pas masquer une problématique majeure, celle de l’accélération du vieillissement de la population depuis 2010. Les besoins se multiplient et il nous faut développer au plus vite un plan pour les personnes âgées avec une programmation intégrée qui nous oblige à mettre en place des politiques alternatives pour réduire les soins résidentiels et augmenter la prise en charge à domicile. Il s’agit de l’une des priorités que s’est d’ailleurs fixée le Collège réuni.

Dans ce contexte, on ne peut que regretter que les subventions n’aient pas augmenté vu les besoins croissants et que, par ailleurs, les services publics d’aide à domicile n’effectuent toujours pas les contingents d’heures qui leur sont alloués. C’est pour le moins paradoxal…

Une des explications avancées a trait au coût différentiel des services entre Cocof et Cocom. Il semble que le tarif horaire demandé par les services de la Cocof est nettement inférieur à celui que réclame la Cocom.

Des initiatives ont-elles été prises pour avancer vers une harmonisation entre ces tarifs ? Par ailleurs, une réflexion est-elle menée sur la concurrence directe des titres-services en la matière ? Qu’en est-il du projet mené par bpost ?

Enfin, ne faudrait-il pas une réflexion sur la nécessité de reconnaître de nouveaux métiers liés à l’accompagnement des personnes âgées, handicapées, malades ?

Je fais entre autres allusion au métier de garde à domicile. Il faudrait également envisager la possibilité de constituer un pôle qualifié interservices aides familiales-aides soignants, composé de professionnels spécialement formés pour gérer les nouvelles problématiques qui touchent les personnes handicapées : grande dépendance, démence, etc.

Autre point d’attention : la directive sur la libéralisation des services, qui nécessite une grande vigilance. Nos services publics ne peuvent en pâtir. Certes, les maisons de repos ont pu être épargnées grâce aux gardes fous intégrés au texte de la Commission communautaire commune, mais nous avons des échos inquiétants de l’usage que le secteur commercial tente de faire de cette directive.

Mon groupe plaide donc pour que soit mise en place une surveillance permanente des effets de la mise en œuvre de cette directive, de manière à ce que nous puissions réagir au plus vite en cas de dysfonctionnement, et faire toute proposition utile afin de préserver notre modèle social.

En matière de santé également, la Cocom verra son champ d’action s’élargir considérablement.

Pour le groupe Ecolo, c’est l’occasion de réfléchir à une véritable politique de santé à Bruxelles, qui s’articule à la fois sur la prévention, la promotion et les soins. Cela signifie qu’il faut intégrer la réflexe santé dans l’ensemble des politiques, et pas seulement dans les politiques communautaires, mais également dans les politiques régionales telles que l’aménagement du territoire, la mobilité, le logement ou l’emploi.

L’adoption prochaine du Plan régional de développement durable (PRDD) devra être un jalon important dans cette réflexion, tandis que l’intégration de l’asbl Bruxelles ville en santé au sein de l’Observatoire de la santé et du social de la

Région de Bruxelles-Capitale peut préfigurer un outil du type d’une agence régionale de santé.

Une part importante du budget bicommunautaire est consacrée aux investissements dans les hôpitaux. Nous ne pouvons que nous interroger sur l’ampleur des montants destinés à la construction d’hôpitaux privés, libres de pratiquer une médecine à des prix non conventionnés, c’est-à-dire interdite de facto à une grande partie de la population bruxelloise. Le plus dérangeant, c’est qu’un financement public permet à certains hôpitaux de construire des établissements de standing et de financer des recours onéreux auprès des instances européennes.

Ne serait-il pas temps d’exiger a minima que l’octroi de subventions publiques soit conditionné à une exigence d’accessibilité aux soins pour toute la population ? Notre groupe y tient et y reviendra.

Je terminerai par ce constat : dans la situation actuelle, reconnaissons que le maintien des politiques existantes constitue déjà une performance en soi. Un budget étriqué et, disons-le, largement insuffisant à résoudre tous les problèmes, ne doit cependant pas nous empêcher d’adapter nos services aux besoins.

Ce n’est pas évident, car la crise amène plus de replis frileux que d’audace. Le Collège réuni peut veiller à éviter les saupoudrages, renforcer les cohérences et soutenir de façon plus durable les initiatives qui osent travailler à l’articulation des secteurs social et de la santé.

Une politique plus intégrée, moins cloisonnée entre ambulatoire et hôpital, soins et prévention, domicile et hébergement, social et santé, est un enjeu essentiel pour préparer activement la Cocom à relever le défi d’une société qui produit chaque année davantage d’inégalités.

Rappelons aussi le rôle important des conférences interministérielles en termes de meilleur usage des moyens dont nous disposons.

Par ailleurs, le Collège réuni est une machine complexe, à l’image de notre Région. Il devrait trouver des modalités de fonctionnement qui favorisent son dynamisme plutôt que les freins et blocages trop fréquents, mauvais pour tous les

Bruxellois, quelle que soit leur langue.

Nous avons sans doute échappé aujourd’hui à la fin du monde, mais en ce qui concerne la Cocom, tout péril n’est pas écarté. Nous savons le Collège réuni attentif à ces défis. De nombreuses tâches nous attendent en 2013.

Notre groupe votera ce budget qui a le mérite de sauver les meubles, même si l’enthousiasme le plus fou n’est pas au rendez-vous. Gageons que, l’année prochaine, nous aurons de quoi mobiliser intelligemment et collectivement nos ressources pour transformer l’essai dans l’intérêt de la population bruxelloise et de ses capacités d’émancipation sociale. En attendant, le groupe Ecolo restera vigilant.

(Discussion complète sur http://www.weblex.irisnet.be/data/arccc/cri/2012-13/00004/images.pdf)

Une couverture sociale, c’est mieux qu’une couverture en laine

sans_abri Bonesire

L’hiver a un mérite : il ouvre, surtout s’il y a grand froid, une brèche dans l’indifférence ou, chez d’autres, une pause dans la condamnation des pauvres.
L’opération « Hiver 2012 » de la RTBF a rappelé que, au-delà du SDF sur son tas de cartons, la pauvreté est pour l’essentiel invisible, qu’elle se cache le plus souvent dans les logements, où le froid peut être terrible. Les assistants sociaux des CPAS connaissent bien ces logements humides, mal isolés, aux appareils de chauffage défectueux ou privés de combustible, où le gaz ou l’électricité ont été réduits au minimum pour défaut de paiement. Sans compter que, si les pauvres consomment moins, la part de leurs revenus consacrée à leur facture énergétique est plus importante. Leurs revenus n’augmentent pas au printemps et le montant des loyers ne fond pas avec le redoux. Pas plus que les discriminations dans l’accès au logement. Les femmes seules avec enfants en savent quelque chose. Et si elles ont un teint exotique, c’est encore pire.

La pauvreté est aussi insupportable en été qu’en hiver, parce qu’il est insupportable de passer sa vie à jongler avec des ressources insuffisantes pour faire face aux dépenses de base, à refuser systématiquement à ses enfants ce que la publicité s’échine, à coup de milliards, à rendre désirable, à ne pas pouvoir payer leur participation aux classes vertes ou de neige. Parce qu’il est humiliant, mauvais pour la santé mentale et physique, de s’entendre reprocher de vivre aux crochets de la collectivité, d’être contraint à la débrouille et à la ruse : un peu de noir, une aide financière familiale non déclarée, des artifices pour échapper à l’inacceptable statut de « cohabitant ». Ces petites fraudes de survie ne devraient pas être, mais les mettre sur le même pied que la fraude fiscale, quelle indécence !

Je ne suis pas certaine que les CPAS ont mesuré ce que ces appels radiophoniques à la générosité allaient provoquer comme confusion et complications. Ils ne sont pas équipés pour trier et stocker des vêtements et des couvertures ou des stères de bois de chauffage. Leurs travailleurs ont déjà bien du mal à traiter les demandes d’aide dans les délais légaux et les usagers à les trouver au bout du fil. Encourager les personnes à venir au CPAS si elles sont en difficulté, pourquoi pas ? Cela n’a en effet rien de déshonorant. Mais pour éviter les désillusions et les colères, il faut aussi expliquer que l’aide des CPAS n’est pas automatique. Notamment du fait de la loi. Cette aide est soumise au respect d’une série de conditions et donne lieu à une enquête sociale préalable ; cela prend du temps et peut aboutir à un refus d’aide.

Sauf à être complice de l’hypocrisie des puissants, il s’agit de montrer les mécanismes qui créent la pauvreté et la précarisation, celle des femmes notamment, parce que la pauvreté n’est pas le fruit du hasard ou de la malchance. Parce que, comme l’écrit sur son blog mon amie Irène Kaufer, « une couverture en laine, c’est bien, une couverture sociale, c’est mieux ». Parce qu’il est inacceptable que les petits salaires de trop de travailleurs, les pensions, les allocations sociales ne permettent pas de se loger décemment dans les grandes villes.

Un lit en urgence en hiver donne un abri pour 9 heures, et c’est mieux que la rue, mais un logement assure un foyer pour 9 ans.

Bousculons le « prêt-à-penser ». Elargissons le débat sur la pauvreté au débat sur la richesse et sa répartition de plus en plus inégale.

Nous sortons d’une année européenne de lutte contre la pauvreté où les discours ont fleuri. Que n’a-t-on entendu comme engagements à réduire le taux de pauvreté ! Mais de qui se moque-t-on quand la même Europe impose et quand les gouvernements se laissent imposer des mesures telles que la fameuse Règle d’Or qui va aggraver la pauvreté parce que les efforts sont injustement répartis. Ne faudrait-il pas briser les tabous et arrêter de dire, sur le ton de l’évidence, que l’on comprend les inquiétudes de la population mais qu’il n’y a pas d’autre choix possible ? Les mesures que l’on prend en ce moment, par exemple la diminution accélérée des allocations de chômage, aggraveront la pauvreté. C’est inévitable. A moins qu’on se décide enfin à inverser des choix prétendument inévitables.